Une niche qui n’a pas été touchée par le phénomène des tubes, voici un cas plutôt rare. Greg revient sur l’aventure de Xstory, son site d’histoires érotiques.
Peux-tu nous décrire XStory en quelques mots ?
XStory existe depuis 10 ans maintenant. Au début, ce n’était qu’un petit site amateur que j’ai fait pour m’amuser, mais rapidement, il a connu un certain succès. Aujourd’hui, 15 000 visiteurs y viennent chaque jour, on y trouve 5000 histoires érotiques originales réparties par langue et par orientation (hétéro/gay), le tout entièrement gratuit. Tous les thèmes y sont abordés : du soft comme la poésie et le voyeurisme, du hard comme les orgies et le SM, mais aussi des thèmes plus tabous tels que les transsexuels, l’inceste entre adultes voire encore plus extrême ... mais je vous laisse le découvrir ! La communauté y est très active, notamment sur le forum qui recense plusieurs milliers de membres.
Qu’est-ce qui pousse les internautes à publier leurs histoires sur XStory ?
Je crois qu’il y a deux types d’auteurs. Il y a ceux qui ont la passion de l’écriture, qui affinent leurs tournures de phrase, qui sélectionnent chaque mot et qui ont choisi le récit érotique parce que le thème les amusait ou les titillait. Et il y a ceux qui écrivent pour exprimer leurs fantasmes non assouvis, qui y trouvent un moyen de les satisfaire par l’imagination. Dans les deux cas ils trouvent aussi un plaisir à être lus et appréciés par la communauté. Les meilleurs auteurs et les meilleures histoires sont d’ailleurs mis en avant sur le site.
« Nous recevons près de 200 histoires par mois »
Y a-t-il un système de modération/censure qui est en place ?
Toutes les histoires sont relues par deux modérateurs avant d’être diffusées. Nous insistons sur deux aspects : la légalité (par exemple, nous ne diffusons jamais d’histoire de pédophilie) et l’écriture (l’orthographe et un français correct sont exigés). De plus, lorsqu’une histoire est publiée, les lecteurs peuvent signaler un abus qui serait passé entre les mailles du filet. Là encore, la communauté nous aide beaucoup. Nous recevons près de 200 histoires par mois et ce travail est très long, mais indispensable pour offrir un contenu de qualité à nos lecteurs. Nous nous efforçons de le faire le plus rapidement possible, afin que les histoires validées soient publiées sous deux semaines.
Parmi ces 200 histoires mensuelles, combien sont finalement publiées sur le site ?
En moyenne, deux tiers des histoires sont publiées. Pour les autres, soit elles sont directement rejetées (pour non-respect des conditions d’utilisation par exemple), soit on demande à l’auteur de revoir sa copie (trop de fautes d’orthographe par exemple). Lorsqu’une histoire est refusée, l’auteur en est averti et peut corriger son texte directement dans son espace privé en fonction de la raison du refus.
Existe-t-il un contrat entre l’utilisateur et le site dans le cadre de la publication des histoires ?
Cela fonctionne un peu comme sur Youtube. Lorsqu’un auteur publie son histoire sur XStory, il lui en cède les droits d’exploitation. Néanmoins il garde la propriété intellectuelle de son œuvre. C’est un point important d’un point de vue moral, et malheureusement beaucoup de sites « volent » cette propriété intellectuelle aux auteurs par leurs conditions d’utilisation.
Un utilisateur est-il en droit de publier ses histoires ailleurs ? Ou de publier sur le site des histoires déjà parues ailleurs ?
Là encore, le fonctionnement est le même que sur Youtube. Comme les auteurs gardent la propriété intellectuelle de leurs histoires, ils ont le droit de les diffuser sur d’autres sites ou d’autres supports. Néanmoins, la très grande majorité de nos auteurs sont attachés à XStory et ne publient leurs histoires que sur ce site. Il arrive que l’on retrouve sur XStory des histoires déjà publiées sur d’autres sites. Lorsque le cas se présente, les lecteurs en font la remarque dans les commentaires du récit.
Du coup, on imagine mal des problèmes de contrefaçon, comme c’est le cas pour la vidéo ?
Ce site existe depuis dix ans et historiquement, les histoires érotiques ont toujours été disponibles gratuitement sur le Web. Il ne peut donc pas y avoir de concurrence déloyale de ce type. De plus, il serait probablement mal accepté de faire payer la lecture d’histoires qui sont rédigées gratuitement par les auteurs.
« Comprendre les lecteurs anglophones et hispanophones »
Le site existe en version multilingue, y a-t-il une grosse part de l’audience qui provient de l’étranger ?
Jusqu’en 2009, le site était très largement franco-français. Le site a été refait à neuf il y a six mois, mais il n’est pas encore complètement optimisé pour ces marchés. Aujourd’hui, les connexions étrangères représentent environ 5 % du trafic global. Néanmoins, c’est un secteur sur lequel nous aimerions progresser.
XStory utilise pour l’instant Google Traduction pour proposer le site en plusieurs langues. Le marché international est-il trop faible encore pour justifier de faire appel à des traducteurs indépendants ?
En fait, le site est disponible en trois langues : français, anglais, espagnol et des histoires sont disponibles de manière native pour chacune de ces langues. La traduction automatique de Google permet surtout à un étranger qui le souhaite d’accéder à l’ensemble des histoires du site.
Existe-t-il un projet pour que des versions indépendantes en langue étrangère voient le jour, avec leurs histoires propres ?
C’est déjà le cas : http://www.xstory-fr.com/en_/ et http://www.xstory-fr.com/es_/ sont entièrement en langue étrangère, bien qu’il reste quelques petites parties qui n’ont pas encore été traduites. Actuellement, on est en phase d’observation. On essaie de comprendre le comportement des lecteurs anglophones et hispanophones afin d’adapter le site à leurs envies.
XStory se présente comme un site d’histoires érotiques et coquines, mais la zone membres donne surtout accès à des vidéos. N’y a-t-il pas un décalage entre les attentes du public et cette offre ?
XStory est un site avec un public d’habitués qui viennent jusqu’à 3 ou 4 fois par jour. Bien qu’ils viennent pour les histoires, ils apprécient de pouvoir accéder à d’autres médias. En particulier lorsqu’un lecteur vient de lire une histoire, il peut avoir besoin de voir une scène de manière concrète pour la matérialiser. Néanmoins, on réfléchit à de nouveaux services pour la zone membres, qui seraient plus orientés sur les histoires.
Le public est-il similaire à celui des sites de vidéo et/ou de photo ?
Les visiteurs sont sensiblement plus âgés que pour un site de vidéos X. On constate aussi une proportion de femme légèrement supérieure.
Et son comportement est-il le même que sur des sites de vidéos ?
Le nombre de pages vues est similaire à celui d’un site de vidéos. En revanche, le temps par page est nettement plus important, à l’exception des sites de streaming, bien entendu. En termes d’horaires, les histoires se lisent aussi beaucoup en journée. Quand on est au bureau, il est plus discret de lire une histoire que de regarder une vidéo X !
Enfin, peut-on envisager un développement étranger au Web, par exemple en éditant des recueils de nouvelles érotiques ?
Ce n’est pas prévu dans l’immédiat, mais ce n’est pas exclu. Des sites comme viedemerde.fr ont déjà tenté l’expérience avec succès, donc pourquoi pas ! Nous en parlerons avec les auteurs avant bien évidemment.
Propos recueillis par Thomas Musat pour Hotvideo.fr
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